Je partage, tu partages, il partage, etc.
Bon, ça part d’un sentiment très généreux.
Mais le fameux je vous partage, qu’on voit partout, est-il vraiment fautif ?
Parce qu’il est critiqué, on peut le dire, notamment par Antidote qui dit « L’expression partager qqch. à qqn est un calque de l’anglais. En français, on écrit plutôt partager qqch. avec qqn ».
Mais ne se référerait-il pas à l’idée de partager une idée plutôt qu’une chose ?
Pour la définition de ce verbe, Le Robert dit « Rendre accessible ; faire connaître. » ou « Partager qqch. avec qqn, lui en donner une partie », dans ce cas, on conserve pour soi une partie de ce qu’on partage. Si on partage de manière équitable sans rien garder pour soi « Partager son bien aux pauvres. Quant à ceux qui ne gagneront pas, ils auront comme consolation cette autre caisse qu’on leur partagera (Jarry, Ubu, 1895, ii, 7, p.53). », cela signifie que la caisse sera partagée entre tous, elle sera divisée à leur profit.
Voyons. Le verbe est transitif, ce qui signifie qu’il fonctionne avec un complément d’objet direct, le bien connu COD, qui se joint au verbe sans préposition (transitif direct) OU un COI (complément d’objet indirect amené par une préposition (transitif indirect) ; le COI, qui est un complément du verbe, représente l’être ou la chose qui reçoit indirectement l’action que fait le sujet. Il répond bien à la question « à qui »). On l’appelle aussi COS (complément d’objet second) quand on a déjà un COD ou un COI.
Donc, je partage « quelque chose » (« = » le cod)
=>👩 je partage mon goûter (cod) avec mon copain 👩 => c’est ici un complément indirect circonstanciel essentiel introduit par la préposition « avec », ce qui est différent de « je vous partage mon expérience. », qui semble être une tournure en forme active de « il vous est partagé ceci. » et signifierait « je partage avec vous », qui est un peu lourd. D’où peut-être le raccourci.
Mais je vous partage n’est pas correct car signifiant « je partage à vous », il faut dire « je partage mes tutos avec vous ». Comme mon goûter avec mon copain.
Ce remue-méninges a-t-il modifié votre sentiment à propos de cette expression ?